Les ministres Rutten et Vandenbroucke travaillent sur la phase de transition vers la ménopause
"Madame, vous êtes ménopausée". Cette phrase prononcée par un médecin peut apporter un grand soulagement à de nombreuses femmes en phase de transition vers la ménopause. Elles comprennent enfin ce qui se passe dans leur corps, une explication au brouillard cérébral, aux bouffés de chaleur, à la perte de cheveux, à la fatigue chronique, aux difficultés de concentration. Trois femmes sur quatre présentent des symptômes liés à la phase de transition vers la ménopause, entre 40 et 50 ans. Mais cela reste un énorme tabou. La ministre flamande de l'Égalité des chances, Gwendolyn Rutten, et le ministre fédéral des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, unissent leurs forces pour élaborer une politique relative à la phase de transition vers la ménopause. Hier, ils ont organisé une table ronde avec des experts. L'objectif est maintenant de présenter le dossier aux CIM (conférences interministérielles) compétentes. Les ministres souhaitent ainsi inscrire le thème à l'ordre du jour à tous les niveaux de notre pays.
La puberté inversée
La phase de transition vers la ménopause apparaît encore aujourd'hui comme un tabou social, alors que toutes les femmes y sont confrontées. La transition est comme une puberté inversée, le passage entre la période de fertilité et la ménopause. Elle dure en moyenne cinq ans et se produit généralement entre 40 et 50 ans. L'ampleur des symptômes tels que la fatigue, la perte de cheveux, les difficultés de concentration ou le brouillard cérébral (problèmes de mémoire et sentiment d'absence) varie d'une personne à l'autre. Ces symptômes résultent de changements dans les niveaux d'hormones.
La phase de transition vers la ménopause est souvent encore très méconnue. D’abord chez les femmes elles-mêmes, mais aussi chez leurs partenaires, leurs employeurs et les prestataires de soins de santé de première ligne avec lesquels elles entrent en contact en raison des symptômes. Cette méconnaissance peut avoir un impact négatif à plusieurs niveaux. Les femmes reçoivent rarement le bon diagnostic. Cela conduit à un traitement incorrect ou à l'absence de traitement. Ce manque de solutions entraîne également, entre autres, des opportunités manquées dans la vie professionnelle de ces femmes.
Antidépresseurs
Des recherches menées au Royaume-Uni ont montré qu'une femme sur trois ayant consulté son médecin généraliste pour des troubles de la ménopause s'est vu prescrire des antidépresseurs. En Belgique, les chiffres ne sont pas encore disponibles, mais là non plus, les plaintes ne sont pas traitées ou le sont de manière incorrecte. Les troubles du sommeil, les douleurs musculaires, les problèmes de concentration, les fluctuations de poids sont souvent traités comme des plaintes isolées, ce qui ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble et de poser un diagnostic correct.
Aujourd'hui, 21% des emplois en Belgique sont occupés par des femmes en phase de transition vers la ménopause. Plus de la moitié de ces femmes éprouvent des difficultés au travail en raison de leurs troubles liés à la (pré)ménopause. C'est ce qui ressort d'une étude menée par Securex. Au Royaume-Uni, une femme sur quatre envisage d'abandonner son emploi en raison de la ménopause.
Plan politique concernant la transition vers la ménopause
Rutten et Vandenbroucke veulent continuer à briser le tabou. En collaboration avec des experts de différentes disciplines, ils tracent des pistes pour rendre la phase de transition plus discutable et accroître les connaissances à son sujet.
« Pourquoi en parle-t-on si peu, d'où vient l'idée selon laquelle ‘les femmes doivent apprendre à vivre avec’ ? Pourquoi en savons-nous si peu, alors que les femmes représentent la moitié de notre population ? Alors même que nous vivons de plus en plus longtemps, ce qui a un impact énorme sur de nombreuses femmes. En tant que société, nous devons d'abord diagnostiquer correctement les changements dans le corps des femmes. Je veux y travailler avec mon collègue Frank Vandenbroucke, pour que la moitié de la population puisse être mieux entendue. Je veux briser le deuxième plafond de verre pour les femmes », a déclaré la ministre Rutten.
Frank Vandenbroucke : « Il s'agit là d'un paradoxe extraordinaire. Les problèmes les plus répandus, comme les difficultés rencontrées par de nombreuses femmes autour de la ménopause, restent le plus longtemps invisibilisés ! Nous devons nous y attaquer. Aujourd'hui, nous faisons un premier pas, mais c’est crucial : parlons-en ouvertement. Comment pouvons-nous sensibiliser la population et briser les tabous ? C’est en en parlant que nous pourrons mieux aider les femmes qui y sont confrontées. La ménopause et la transition vers celle-ci devraient pouvoir être discutées, non seulement avec les médecins généralistes et les gynécologues, mais aussi au travail et dans l’enseignement. Les femmes passent une grande partie de leur vie sur leur lieu de travail. Si nous voulons continuer à utiliser au mieux les talents féminins, il est essentiel qu'une politique de ressources humaines inclusive prenne également en compte les besoins spécifiques des femmes en préménopause. Je suis heureux de constater que les différentes parties prenantes ont manifesté un vif intérêt pour participer à cette table ronde. La connaissance, l'expérience et l'engagement sont inestimables pour élaborer une politique efficace dans ce domaine. Nous présenterons les conclusions de cette table ronde à tous les collègues qui partagent la responsabilité de la santé, du travail et de l'égalité des chances. Pour y travailler ensemble ".
Un plan d’action
Les experts fournissent des informations qui seront utilisées pour imaginer une nouvelle politique, dans les mois à venir et au cours de la prochaine législature. Le fait que cette problématique concerne différents domaines de la vie des femmes, et qu’il y a de nombreuses parties prenantes, garantit que les différents niveaux et domaines politiques seront impliqués, et que les éléments seront présentés lors des CIM concernées.
Les questions qui seront posées aux experts sont, par exemple, les suivantes :
- Comment les médecins peuvent-ils être mieux informés sur la préménopause pour une prise en charge unifiée ? Non seulement au niveau du traitement, mais aussi d’une détection plus rapide.
- Cela permettrait de relier plus rapidement les symptômes individuels à une éventuelle préménopause sous-jacente.
- Comment pouvons-nous apprendre de la recherche scientifique internationale pertinente et quelles sont nos priorités en tant que pays ?
- Une meilleure recherche diagnostique ?
- Recherche sur l'impact sur le travail et la prévention de l’arrêt ?
- Quelle attention est accordée à la préménopause dans la formation et l’enseignement actuels ? Où doit-on faire des ajustements, et lesquels ?
- La moitié de la population est passée ou passera par une période de (pré)ménopause, mais les connaissances sur les symptômes et les traitements sont limitées.
- Tant dans l'enseignement général que dans la formation des médecins, des infirmières, des psychologues,… l'attention qui y est accordée est-elle suffisante ?