Communiqué de presse

Autorités fédérales et entités fédérées unissent leurs forces pour assurer un meilleur suivi des mères vulnérables pendant les 1000 premiers jours

Les autorités fédérales et les entités fédérées investissent ensemble en faveur d’un meilleur suivi des mères vulnérables pendant et après leur grossesse. Cette décision des ministres compétents se base sur les recommandations du Centre fédéral d’expertise (KCE). A la demande de la Conférence interministérielle, un programme de soins multidisciplinaire périnatal a été élaboré. Il s’agit d’investir dans des soins de qualité et appropriés à l’approche de la naissance, mais aussi dans les mois qui suivent, aussi bien pour les soins de l’enfant que pour les soins aux parents. « Car dans le meilleur pays du monde, tous les enfants méritent autant d’avoir une bonne vie », indiquent les ministres. Les tout nouveaux programmes de soins périnatals dans les différentes entités fédérées sont mis en œuvre sur le terrain depuis le 1er juin 2024 (en fonction des entités fédérées). ​

L’égalité des chances commence avant la naissance, dès la conception et donc, pendant la grossesse. Vient ensuite une étape cruciale pour le meilleur développement : le berceau, c’est-à-dire les 1000 premiers jours de vie de chaque enfant. Un bon départ dans la vie dépend d’une bonne santé (y compris celle de la mère, où le fœtus se développe pour devenir un bébé), entouré de chaleur, d’affection et d’amour. ​ 

Dans notre pays, la grande majorité des enfants reçoivent cette chaleur et cette affection pour devenir plus tard des personnalités fortes. Nos soins de santé sont conçus dans cet esprit. Tout est mis en place pour que les bébés soient mis au monde de manière saine, pour garantir autant que possible ce bon départ, en bonne santé, et pour soutenir au maximum les parents dans cette démarche... Et pourtant. ​ 

Il arrive encore trop souvent que les choses tournent mal pour beaucoup d’entre eux, entre la conception et les premières années de vie. L’émancipation, le développement des talents et des chances égales d’avoir une bonne vie, pour chaque enfant né dans notre pays, sont essentiels à un avenir commun. Et cela ne doit pas dépendre de ce dont les parents sont capables (de faire), de l’endroit où se trouve le berceau, et certainement pas de l’une ou l’autre bonne volonté ou de la charité. Non, cette tâche incombe aux autorités, qui doivent contribuer à offrir les structures qui permettront à chaque enfant d’avoir ces chances égales : un développement sain, la chaleur nécessaire, mais également le soutien nécessaire pour les parents. ​ 

Les 1000 premiers jours de l’enfant ont des conséquences pour toute la vie. Pendant cette période, les fondements sont posés pour le bien-être physique, mental et social de l’enfant. La recherche montre que cette période est cruciale pour le développement du cerveau, les résultats scolaires, les perspectives d’emploi, mais aussi pour augmenter ou réduire le risque de maladie. ​ 

Investir beaucoup plus dans ces 1000 premiers jours est donc une étape nécessaire dans nos soins de santé. Au vu des chiffres concernant l’accompagnement de grossesse, nous devons vraiment fournir un effort supplémentaire : en Belgique, environ 4 % des femmes ne bénéficient pas du nombre minimum recommandé de consultations prénatales et 3 % des femmes n’ont même pas de contact avec un prestataire de soins pendant les 20 premières semaines de grossesse. Plusieurs études soulignent un autre problème : le nombre relativement élevé de parents ou de futurs parents qui souffrent de problèmes de santé mentale liés à la grossesse. Certains chiffres parlent de 20 à 25 % des mères, pendant la grossesse ou après l’accouchement. ​ 

 

Les programmes de soins périnatals : une approche à trois niveaux 

(1) Veiller à ce que les femmes concernées qui ont des besoins spécifiques - en particulier dans les situations de vulnérabilité - aient accès au programme. Ce qui signifie en premier lieu : informer et éduquer dans tous les domaines de nos soins de santé, mais aussi avoir une approche beaucoup plus proactive et dresser nos antennes pour identifier et atteindre ces femmes vulnérables. Pour ensuite évaluer leur vulnérabilité psychologique, mais aussi sociale et financière. Pour ce faire, nous utilisons l’outil « Born in Belgium », qui a été développé à la demande de l’INAMI. Cet outil contient des indicateurs établis sur une base scientifique, grâce auquel nous vérifions concrètement la situation psychosociale des femmes enceintes sur la base de ces indicateurs. ​ 

(2) C’est avec cet outil et sur la base de ce dépistage que les prestataires de soins proposent aux femmes une approche multidisciplinaire – sur mesure et plus ou moins intensive en fonction des besoins – et établissent pour elles un véritable trajet de soins personnalisé. Il y a évidemment aussi un suivi attentif et régulier à domicile. Des consultations prénatales très complètes sont prévues pour apporter une réponse aux vulnérabilités psychosociales. 

(3) Offrir des soins multidisciplinaires bien coordonnés et assurer le rôle de coordinateur de l’aide et des soins, c’est-à-dire une personne de confiance qui fait partie de l’équipe multidisciplinaire et qui – en concertation étroite et intensive avec la mère – fait en sorte que toutes les étapes du programme de soins soient effectivement suivies et, surtout, qui veille à ce que toutes les questions et préoccupations de la mère et du ménage soient effectivement prises en compte. Cette personne peut être un prestataire de soins (la sage-femme, par exemple), en collaboration avec un autre prestataire de soins ou un travailleur social qui sont très proches - ou font simplement partie de - l’environnement de vie de ces femmes vulnérables ou de ces ménages vulnérables. ​ 

Les gouvernements wallon, bruxellois, germanophone et fédéral étaient déjà prêts. Aujourd'hui, le Conseil des ministres flamand a également approuvé la convention. Le programme peut donc maintenant être mis en œuvre intégralement dans toutes les parties du pays. Les structures d'aide locales, telles que les conseils des soins (“zorgraden”) en Flandre ou Brusano à Bruxelles, les soutiendront dans cette tâche. Le Comité de l'assurance de l'INAMI formalisera les conventions lundi prochain. 

Frank Vandenbroucke, Ministre fédéral des Affaires sociales et de la Santé publique : « Les 1001 premiers jours, depuis la conception, au berceau, lorsque l’enfant fait ses premiers pas, sont déterminants pour l’avenir du petit enfant. Et cet avenir ne doit pas dépendre de ce que les parents sont capables (de faire) ou de ce qu’ils n’ont pas : c’est injuste. C’est pourquoi nous collaborons avec tous les niveaux de pouvoir du pays pour pouvoir prendre soin des tout petits. Ces vastes programmes de soins périnatals doivent permettre de déceler activement les femmes enceintes vulnérables sur le plan psychologique, social ou financier et de les soutenir, ainsi que leur futur bébé, par des soins sur mesure dès le départ. Le gouvernement fédéral investit 14,342 millions d’euros dans ce tout nouveau programme de soins périnatals.» 
Christie Morréale, Ministre wallonne de la Santé : “Grâce à Proxisanté, notre nouveau modèle organisationnel de la première ligne de l’accompagnement et du soin, nous allons pouvoir, proposer en collaboration étroite avec l’ONE mais également avec les hôpitaux, les médecins, les sages femmes, les acteurs agréés par l’AVIQ et le SPW… un accompagnement spécifique à toutes les futures mamans sur notre territoire wallon. En fonction de la granularité de leurs besoins, l’accompagnement et le suivi seront adaptés avec une attention toute particulière aux futures mamans présentant un contexte psychosocial plus complexe.” 
Alain Maron, Ministre bruxellois de la Santé : “Être enceinte, donner naissance et nourrir son enfant alors qu’on subit des difficultés financières, sociales ou d’une mauvaise santé n’est souhaitable pour aucune femme et aucun enfant. A Bruxelles, de nombreux services proposent déjà une aide pour différents problèmes (ONE, Aquarelle, Kind en Gezin, Nasci, les hôpitaux dont le CHU St Pierre…). L’implémentation de ce programme intégré en soins périnatals initié par le fédéral sera soutenue par Brusano, l’organisme qui renforce l’appuis aux acteurs de terrain et leur coordination dans les bassins de soins bruxellois. Les équipes de sage-femmes que nous soutenons depuis quelques années auront un rôle important dans l’accompagnement de ces patientes vulnérables. Nous investissons 4,5 millions € dans les missions de Brusano qui sont prioritairement au bénéficie des populations vulnérables.” ​ 
Hilde Crevits, Ministre flamande de la Santé : “Pour moi, il est important que la femme enceinte et son enfant soient au centre des soins intégrés et ciblés, par lesquels nous construisons réellement des ponts entre les soins et le bien-être. Ainsi, nous guidons les gens vers l’aide appropriée. Nous franchissons une étape importante avec ce programme interfédéral en faveur des femmes enceintes vulnérables et de leurs enfants pendant les 1 000 premiers jours. Nous avons travaillé ensemble, de manière intensive, pour parvenir à un accord équilibré dans lequel les prestataires de soins de santé et de protection sociale peuvent véritablement fournir conjointement des soins et un soutien sur mesure, en tenant aussi compte de la famille. L'agence Opgroeien et le Départment Zorg continuent de travailler avec le gouvernement fédéral pour la mise en œuvre concrète et le suivi de ce programme périnatal.” 
Antonios Antoniadis, Ministre de la Santé de la Communauté germanophone : “Le projet du trajet de soins pré- et postnatal s’inscrit dans une réflexion plus large de réorganisation de la collaboration entre acteurs de terrain. Cette réflexion, pluridisciplinaire, que l’on appelle communément les soins intégrés constitue un point angulaire de la réorganisation de la collaboration et de l’efficacité dans le suivi du patient, ou dans le cas présent, d’une patiente, de son enfant et de son entourage. Le trajet de soins pré- et postnatal constitue le départ d’une révision en profondeur de la collaboration interprofessionnelle. Le but en est clair : améliorer l’accompagnement de la future mère, et des futurs parents en général, soutenir le développement de l’enfant en permettant un accès aux ressources nécessaires tant pour les parents que pour les enfants et ce peu importé leur statut social et professionnel. ​ Je me réjouis donc, que ce projet, initié par mon cher collègue Frank Vandenbroucke, ait d’un côté rencontré un succès lors de son élaboration mais ait également rencontré un grand intérêt auprès des acteurs de la Communauté germanophone.” ​ ​ 
Professeure Katrien Beeckman, coordinatrice Born in Belgium Professionals: “La phase pilote de la plateforme Born in Belgium Professionals montre, entre autres, que 20 % des femmes enceintes présentent des symptômes de dépression, 15 % indiquent avoir des problèmes financiers et 9 % bénéficient d'un soutien social très limité. Les premières expériences des professionnels de santé nous apprennent que les femmes enceintes (98 %) sont ouvertes à une conversation sur la vulnérabilité psychosociale, afin de chercher ensemble des solutions pour offrir à l'enfant le meilleur départ possible. La plateforme numérique qui centralise les informations est déjà utilisée par 19 hôpitaux et 50 organisations.”