Vers une réglementation stricte pour tous les masques sur le marché belge
Le masque est un élément essentiel de notre défense contre la propagation du COVID 19, même si aujourd'hui, le port du masque obligatoire n’est plus très fréquent et s'il s'agit surtout de vives recommandations. La prolifération de différents types de masques sur le marché belge rend d'autant plus important de soumettre les fabricants à une réglementation stricte qui garantisse la santé de nos citoyens en toutes circonstances. Les recherches de Sciensano montrent que deux masques contiennent une quantité excessive de particules d'argent, ce qui pourrait être nocif pour la santé en cas d'exposition prolongée. Bien que les risques aient été estimés sur la base d'un degré d'exposition théorique, il vaut toujours mieux faire preuve de prudence. Le ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, Frank Vandenbroucke, a donc pris les mesures de précaution nécessaires en retirant les deux types de masques du marché. L’un de ces types n'était d'ailleurs commercialisé qu'en quantités très limitées. Le ministre prépare également une initiative législative qui doit garantir une utilisation sans danger de tous les masques.
Le port du masque est un outil de défense important dans la maîtrise du COVID-19 et la lutte contre cette maladie. De ce fait, leur utilisation a connu une forte hausse ces dernières années. Plusieurs fabricants sont actifs sur le marché belge. Donc, il est important de garantir la sécurité de tous les masques et de soumettre les fabricants à une réglementation stricte qui protège la santé de nos citoyens. Pour les masques FFP2 et FFP3, ainsi que pour les masques chirurgicaux, il existe une réglementation européenne. On reconnaît les masques chirurgicaux à l'emballage, où il est indiqué explicitement que le masque peut être utilisé à des fins médicales. Cependant, il n'existe pas de réglementation pour les autres types de masques, les masques grand public (tels que les masques jetables ou réutilisables). Pourtant, en raison de la crise, les masques grand public ont connu un essor considérable.
L'année passée, Sciensano a examiné et publié les premiers résultats d'une étude basée sur un échantillon sur le marché belge. Cette étude a révélé la présence de particules de dioxyde de titane dans de nombreux masques réutilisables et jetables fabriqués à partir de fibres naturelles ou synthétiques. Le dioxyde de titane est notamment utilisé pour blanchir les fibres des produits textiles tels que les vêtements (les tenues de sport, entre autres) et le linge de maison, pour les rendre mates ou pour les protéger des rayons UV et de la décoloration. Le dioxyde de titane est largement utilisé aussi dans des produits tels que la crème solaire et le dentifrice. L'inhalation de particules de dioxyde de titane peut éventuellement être nocive pour la santé.
Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, a chargé Sciensano de poursuivre ses recherches. Sciensano a examiné si d'autres petites particules de substances chimiques sont également présentes dans les masques, comme les ions d'argent et les nanoparticules d'argent. En effet, l'argent est souvent utilisé comme biocide, pour nous protéger des bactéries, des organismes étrangers et des virus. Dans ce cas également, une inhalation excessive est potentiellement nocive. Bien que Sciensano ait utilisé un niveau théorique d'exposition pour ses analyses, il conclut que deux masques (un masque chirurgical et un masque grand public) - sur la base de ce niveau théorique - contiennent des valeurs trop élevées d'argent.
Même si nous ne connaissons pas l'exposition exacte, le ministre a choisi - sur la base de l'avis du Conseil supérieur de la santé - de faire preuve de prudence dans l'intérêt de la santé publique. Par exemple, la distribution du masque (chirurgical) de Suprgoods a été rappelée et arrêtée par l'autorité compétente (AFMPS). Il faut néanmoins préciser que seules quelques dizaines de masque de ce type ont été vendus dans le monde. La distribution du second type de masque, de la marque Avrox (les masques blancs réutilisables achetés par le gouvernement précédent) a déjà été arrêtée en 2021 après les premiers résultats concernant le dioxyde de titane. Les masques Avrox ne seront plus distribués et le stock restant sera détruit.
Conjointement avec la ministre de l'Environnement, Zakia Khattabi, Frank Vandenbroucke a également demandé à la Direction générale Environnement du SPF Santé publique d’inscrire la question à l'ordre du jour de la Commission européenne, qui est responsable de l'utilisation des substances chimiques dans les produits de consommation. A la demande des deux ministres, la DG Environnement a déjà pris contact avec les fabricants pour élaborer une réglementation sur l'enregistrement et l'étiquetage obligatoires de tous les masques (y compris les masques grand public) disponibles sur le marché belge. Cela devrait permettre d'obtenir un aperçu complet de tous les masques présents sur le marché belge, y compris les substances chimiques éventuellement utilisés dans leur fabrication. L'étiquetage doit garantir une transparence totale pour le consommateur, et un nouveau programme de contrôle sera élaboré pour surveiller la qualité des masques sur le marché belge. Par ailleurs, nos services préparent actuellement une modification de l'arrêté royal qui réglemente l'utilisation des nanomatériaux et qui en dresse l’inventaire. Le SPF Santé publique a terminé une étude à ce sujet en début d’année. Dans ce contexte, il examine en premier lieu les articles prioritaires, tels que les produits pour bébés et pour enfants.
Toutefois, il reste important de noter que les masques sont une mesure préventive importante dans la protection contre les maladies. L'étude de Sciensano est basée sur des suppositions théoriques et une évaluation concrète des risques ne peut pas être réalisée. Il n'y a pas d'information sur l'exposition réelle, ni sur les risques aigus. Donc, le port du masque comme protection contre le COVID-19 reste très important, voire obligatoire dans un certain nombre de circonstances (personnel hospitalier, pharmacies, cabinets médicaux) ou fortement recommandé (pour les personnes vulnérables dans les espaces clos, par exemple).
* Vous trouverez le rapport complet de Sciensano sous le lien suivant: https://www.sciensano.be/nl/biblio/evaluation-types-efficient-use-and-health-risks-application-silver-based-biocides-provide