Le ministre Vandenbroucke soumet au gouvernement une proposition d’interdiction totale des arômes dans les cigarettes électroniques
Le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, va proposer au gouvernement d’interdire les arômes dans les cigarettes électroniques, à l’exception de l’arôme de tabac. Il s’appuie sur un avis du Conseil supérieur de la santé. « Nous devons protéger nos enfants et empêcher qu’une nouvelle génération devienne dépendante au tabac. Avec leurs arômes attrayants, les vapoteuses sont délibérément conçues pour inciter les jeunes à fumer. C’est inacceptable. Nous devons prendre des mesures énergiques à cet égard », a déclaré le ministre. Sa demande se situe dans la droite ligne de la proposition de loi de la députée Els Van Hoof (CD&V), qui milite déjà depuis un certain temps au Parlement en faveur de restrictions sur les cigarettes électroniques.
En Belgique, près de deux personnes meurent chaque heure des conséquences du tabagisme. Son impact est donc dévastateur, non seulement sur le plan sanitaire, mais aussi sur les plans social, économique et écologique. Afin de protéger la santé des personnes, notre pays a donc intensifié sa lutte contre le tabagisme et le vapotage ces dernières années. Le ministre Vandenbroucke a par exemple instauré une interdiction des cigarettes électroniques jetables, une première en Europe, et le nombre d’endroits où il est encore permis de fumer et de vapoter a été fortement réduit. C’est désormais interdit dans les lieux fréquentés par de nombreux enfants et jeunes, par exemple (zoos, terrains de sport, parcs d’attractions, etc.). Dans les années à venir, d’autres mesures seront adoptées pour éliminer progressivement le tabagisme et le vapotage (interdiction de fumer sur les terrasses, interdiction des fumoirs), mais le chemin vers une génération entièrement sans tabac en 2040 est encore long. La Belgique doit donc continuer à prendre des mesures pour que les enfants et les jeunes soient le moins possible en contact avec les cigarettes classiques et électroniques.
L’essor du vapotage
La cigarette électronique est un produit de plus en plus utilisé. Il a été commercialisé par l’industrie comme un moyen d’arrêter de fumer et est vendu sous le prétexte de la « réduction des risques ». C’est la raison pour laquelle le Conseil supérieur de la santé n’a pas recommandé, par le passé, d’interdire les arômes. Entre-temps, la réalité s’est avérée tout autre. Le vapotage rend surtout de plus en plus de jeunes dépendants à la nicotine. L’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes augmente rapidement. Selon l’enquête annuelle 2023-2024 menée auprès des élèves par le VAD (Centre d’expertise flamand de l’alcool et des autres drogues), pas moins de 28 % des élèves déclarent avoir déjà vapoté et 23,5 % l’ont fait au moins une fois au cours de l’année scolaire. 9 % des élèves vapotaient également au moins une fois par semaine. La consommation chez les élèves est donc quatre fois plus élevée qu’en 2018-2019. L’Enquête de santé 2022-2023 publiée par Sciensano en juillet 2025 montre également, outre la poursuite de la baisse du tabagisme dans toutes les tranches d’âge, une tendance inquiétante à l’augmentation de la consommation de cigarettes électroniques. La multiplication par dix de leur consommation quotidienne chez les 15-24 ans est particulièrement frappante (de 0,6 % en 2018 à 6,3 % en 2023-2024). Une publication récente de l’OMS confirme également cette tendance : en moyenne, le vapotage est 9 fois plus élevé chez les jeunes que chez les adultes.
Le rôle des arômes
Pourquoi les cigarettes électroniques sont-elles de plus en plus utilisées ? Une étude commandée par la Fondation contre le cancer (2023) constate que les arômes jouent ici un rôle important. Les vapoteuses sont disponibles avec d’innombrables arômes, ce qui non seulement rend le produit attrayant pour les jeunes, mais camoufle également sa nocivité. Des tests ont par ailleurs prouvé qu’en plus de la nicotine, les cigarettes électroniques jetables, par exemple, contiennent des substances dangereuses telles que des pesticides ou du plomb. Et tout cela avec le goût et l’odeur de la menthe, de la pomme, du pop-corn ou de la framboise, entre autres.
Au Parlement, Els Van Hoof (CD&V) a été la première à aborder cette problématique. Elle milite depuis un moment pour la limitation des arômes, car ils incitent les enfants et les jeunes à fumer. C’est pourquoi un passage a été intégré dans l’accord de gouvernement afin que celui-ci s’attaque à l’utilisation problématique de la cigarette électronique. Concrètement, l’accord de gouvernement affirme que « il faut réduire l’attrait des e-cigarettes en réduisant drastiquement la gamme d’arômes proposés ». Après la mise en place du nouveau gouvernement, le ministre Vandenbroucke a donc demandé un avis au Conseil supérieur de la santé. Dans cet avis, publié aujourd’hui, cette instance arrive à une conclusion très claire : le nombre d’arômes autorisés pour les vapoteuses doit être réduit de manière urgente et significative. L’avis offre deux possibilités au ministre : une réduction stricte (le modèle néerlandais) avec uniquement l’arôme de tabac, ou une limitation autorisant encore quelques autres arômes. Dans le même temps, le Conseil supérieur de la santé constate que les preuves scientifiques actuelles concernant la deuxième option sont limitées et peu concluantes : à ce jour, aucun lien clair n’a été établi entre les arômes des cigarettes électroniques et de meilleurs résultats en matière de sevrage tabagique. Le Conseil supérieur de la santé souligne en outre que la protection des jeunes doit toujours primer sur les préférences gustatives des utilisateurs adultes. Par ailleurs, il estime important que la Belgique harmonise sa politique avec celle des pays voisins afin d’éviter autant que possible les achats transfrontaliers.
Cette analyse est confirmée par la récente déclaration commune émanant d’un large groupe d’associations scientifiques belges de médecins dans les domaines de la pneumologie, de la gastro-entérologie, de la cardiologie, de l’endocrinologie, de l’oncologie, de la pédiatrie, de la gynécologie, de la radiologie, de la radiothérapie, de l’urologie, de la chirurgie et des maladies nez-gorge-oreilles. Ils soulignent qu’il n’existe aucune preuve indépendante et fiable que les cigarettes électroniques sont nettement moins nocives à long terme, que ces produits contiennent des substances nocives telles que des métaux lourds et des solvants organiques, et que les arômes jouent un rôle important dans leur popularité auprès des jeunes. Dans cette position commune, les médecins plaident expressément en faveur d’une réglementation stricte et affirment que l’autorisation d’arômes supplémentaires va à l’encontre des preuves scientifiques et de l’objectif de protection de la santé publique.
Interdiction de tous les arômes (à l’exception de l’arôme de tabac)
Le ministre Vandenbroucke proposera donc au gouvernement d’adopter le modèle néerlandais. Concrètement, le ministre souhaite que seul l’arôme de tabac reste autorisé dans les cigarettes électroniques. Tous les autres arômes, de la fraise au chewing-gum ou à la menthe, disparaîtraient des rayons. Le modèle néerlandais offre la meilleure protection pour les jeunes, correspond aux connaissance scientifiques actuelles, facilite les contrôles dans la pratique et garantit une meilleure harmonisation de la politique belge avec celle de nos pays voisins. Aux Pays-Bas, il apparaît déjà qu’une telle mesure réduit le vapotage, en particulier chez les jeunes. Une évaluation réalisée dans ce pays par l’Institut national pour la santé publique et l’environnement (RIVM) a montré que deux cinquièmes des utilisateurs vapotaient moins. 22 % ont même déclaré avoir totalement arrêté grâce à l’interdiction des arômes. De cette manière, la lutte contre la cigarette électronique peut également se poursuivre en Europe. En effet, si plusieurs États membres appliquent les mêmes mesures, celles-ci pourraient être considérées comme une bonne pratique. Ce modèle pourrait alors être appliqué plus rapidement sur tout le continent.
Selon le ministre Vandenbroucke, « Il est de notre devoir de protéger la santé des personnes, et en particulier des jeunes, et de veiller à ce qu’ils soient moins exposés au tabac ou aux produits de substitution tels que la cigarette électronique. La vapoteuse est une invention d’une industrie criminelle qui veut rendre une nouvelle génération d’enfants dépendants à la nicotine, et les innombrables arômes camouflent l’énorme nocivité du produit. Tandis que les enfants et les jeunes apprécient le goût du chewing-gum, du pop-corn ou de la framboise, par exemple, ils inhalent de la nicotine, voire du goudron ou des pesticides. Une interdiction de ces arômes est donc la seule solution pour mieux protéger nos enfants et briser le pouvoir du lobby du tabac. »
Els Van Hoof, députée CD&V : « C’est une bonne chose que l’on mette enfin un terme à la prolifération des arômes de fruits et de bonbons qui attirent les jeunes vers le vapotage. Je plaide en faveur de cette mesure depuis 5 ans déjà. Lorsque j’ai présenté pour la première fois une proposition de loi en 2020, le problème était encore souvent minimisé sous prétexte que la cigarette électronique est moins nocive que la cigarette traditionnelle. Outre l’insuffisance des preuves scientifiques quant à son efficacité comme aide au sevrage tabagique, des utilisateurs toujours plus jeunes (12-14 ans) développent une dépendance à la nicotine en raison des arômes sucrés proposés par l’industrie du vapotage. Une étude de Kom op tegen Kanker (2024) indique que plus de la moitié des jeunes qui vapotent fument également, et la Fondation contre le cancer (2023) démontre également que le vapotage constitue une étape importante vers le tabagisme. Ainsi, le nombre de fumeurs augmente à nouveau au lieu de diminuer, ce qui constitue une attaque contre la santé publique. Je suis heureuse que mon travail de pionnière au Parlement soit désormais repris par le gouvernement et effectivement mis en œuvre. »